Parlement marocain TikTok sous menace d’interdiction en octobre 2024
Alors que le Parlement marocain se prépare à rouvrir ses portes en octobre, un sujet brûlant occupe le devant de la scène : l’éventuelle interdiction de TikTok dans le Royaume. Cette plateforme de vidéos courtes, qui s’est imposée comme un phénomène culturel parmi les jeunes, est de nouveau sous le feu des critiques pour son influence présumée sur les valeurs sociétales et la jeunesse marocaine.
Depuis plusieurs mois, des discussions autour de la régulation ou de l’interdiction de TikTok circulent au sein des institutions marocaines. Des sources bien informées au sein de la Commission de l’Éducation, de la Culture et de la Communication de la Chambre des représentants révèlent qu’un projet de loi, précédemment déposé mais resté en suspens, pourrait être relancé. Ce texte viserait à interdire TikTok au Maroc, une mesure motivée par les préoccupations croissantes de nombreux Marocains quant au type de contenu diffusé sur la plateforme.
Les critiques à l’encontre de TikTok au Maroc ne sont pas nouvelles. Le débat sur l’influence de la plateforme avait déjà été lancé il y a plusieurs mois, mais n’avait pas réussi à mobiliser un soutien significatif. Cependant, une série de critiques récentes a ravivé les discussions, propulsant la question au sommet de l’agenda législatif. Les partisans de l’interdiction pointent du doigt les dangers que représentent certains contenus pour la jeunesse, soulignant un détournement de la plateforme qui, selon eux, met en péril les normes sociales et les valeurs traditionnelles marocaines.
Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a reconnu la complexité d’une éventuelle interdiction, notant que les plateformes telles que TikTok et Facebook appartiennent à des entreprises étrangères, ce qui limite l’autorité du Maroc sur elles. Malgré cette reconnaissance, les appels à une régulation plus stricte de ces plateformes continuent de croître, alimentés par la crainte que les jeunes Marocains soient exposés à des contenus jugés inappropriés ou nocifs.
TikTok, détenue par la société chinoise ByteDance, est devenue une application incontournable au Maroc, avec près de 12,5 millions d’utilisateurs. Bien que la plateforme soit une source de créativité et d’expression pour beaucoup, elle est également accusée d’encourager des comportements qui seraient contraires aux valeurs marocaines. Certains critiques affirment que TikTok représente une menace pour l’honneur et la décence, dénonçant des pratiques telles que la mendicité en ligne et le harcèlement, qui échappent à tout contrôle réglementaire.
Le Maroc ne serait pas le premier pays à envisager une telle interdiction. La Jordanie, par exemple, a déjà interdit TikTok en raison de préoccupations similaires concernant la protection des mineurs. Aux États-Unis, la Chambre des représentants a récemment voté un projet de loi visant à forcer TikTok à se séparer de sa société mère chinoise sous peine d’interdiction sur le territoire américain, invoquant des préoccupations liées à la sécurité des données et à l’influence étrangère.
Dans le contexte marocain, l’avenir de TikTok pourrait symboliser une lutte plus large entre la préservation des valeurs traditionnelles et l’adaptation aux nouvelles réalités numériques. Alors que le Parlement marocain s’apprête à débattre de cette question, le pays devra décider s’il choisit la voie de l’interdiction, de la régulation, ou s’il laisse le marché décider du sort de TikTok.
Cette décision sera cruciale non seulement pour l’avenir de la plateforme au Maroc, mais aussi pour la manière dont le pays gérera les défis posés par l’ère numérique. Alors que le Parlement marocain se prépare à examiner cette proposition, les discussions porteront probablement sur la recherche d’un équilibre entre la sauvegarde des normes sociales et la reconnaissance du pouvoir croissant des médias numériques. Le débat autour de TikTok au Maroc pourrait ainsi devenir un symbole des tensions entre tradition et modernité, et entre liberté numérique et régulation étatique.