Les inégalités entre les femmes et les hommes ne se limitent pas aux sphères professionnelle et sociale. Elles s’étendent également au domaine du sommeil. De nombreuses études scientifiques et enquêtes récentes ont confirmé que les femmes dorment globalement moins bien que les hommes, souffrant davantage d’insomnies et de réveils nocturnes.
Des besoins de sommeil plus élevés mais un repos moins réparateur
Selon l’Institut national du Sommeil et de la Vigilance (INSV), plus d’un tiers des Français se disent insatisfaits de la qualité de leur sommeil. Parmi eux, les femmes apparaissent sur-représentées, signalant plus fréquemment des troubles du sommeil. D’après une étude publiée en juin 2024 dans Sleep Medicine Reviews, les femmes auraient besoin de dormir davantage que les hommes en raison d’un rythme circadien distinct. Toutefois, elles sont souvent en déficit de sommeil en raison de différents facteurs biologiques et socioculturels.
L’impact des variations hormonales
La physiologie féminine joue un rôle majeur dans ces différences. La sécrétion de mélatonine, hormone régissant l’endormissement, intervient plus tôt dans la journée chez les femmes, ce qui peut entraîner une dette de sommeil lorsqu’elles se couchent tard. De plus, les cycles hormonaux influencent la qualité du sommeil :
- Les menstruations peuvent entraîner des douleurs et des perturbations nocturnes.
- La grossesse modifie les cycles du sommeil en raison des variations hormonales et des inconforts physiques.
- La ménopause s’accompagne de troubles du sommeil, notamment en raison des bouffées de chaleur et de la diminution des hormones régulateurs du sommeil.
La charge mentale, un facteur aggravant
Les explications ne sont pas uniquement biologiques. Les inégalités liées à la répartition des tâches domestiques et familiales jouent également un rôle clé. Les femmes assument majoritairement la charge mentale du foyer, ce qui impacte leur sommeil. Une étude de l’Ifop en 2022 a ainsi révélé que 80 % des mères d’enfants de moins de trois ans se levaient plus souvent la nuit que leur conjoint. De manière générale, la répartition inégale des responsabilités domestiques alourdit la charge mentale des femmes, affectant leur qualité de sommeil.
L’impact de l’anxiété et du manque de temps libre
L’anxiété constitue un autre facteur déterminant. L’Inserm indique que les femmes sont deux fois plus sujettes au stress que les hommes, un phénomène appelé « worry gap ». Cette propension accrue à l’inquiétude favorise les ruminations nocturnes et les difficultés à s’endormir.
Par ailleurs, le manque de loisirs et d’activité physique joue un rôle décisif. Selon une enquête de Santé Publique France en septembre 2024, seulement 53 % des femmes atteignent les recommandations d’activité physique contre 71 % des hommes. De plus, les femmes disposent de 9 heures de temps libre en moins par semaine que les hommes, ce qui limite les moments de détente propices à un meilleur sommeil.
Vers une meilleure prise en compte des spécificités féminines en matière de sommeil
Face à ces constats, il devient impératif d’adapter les recommandations en matière de sommeil en tenant compte des spécificités féminines. Des initiatives commencent à émerger pour sensibiliser à ces différences et promouvoir des solutions adaptées, notamment une meilleure gestion de la charge mentale et une prise en compte des variations hormonales dans les traitements contre l’insomnie.
Loin d’être un simple mythe, l’inégalité du sommeil entre hommes et femmes repose sur des bases scientifiques et socioculturelles solides. Une meilleure reconnaissance de ces différences pourrait permettre d’améliorer significativement la qualité du sommeil féminin, avec des bénéfices sur la santé globale et le bien-être des femmes.