Selon une étude de la Hult International Business School relayée par Newsweek, près de 40 % des entreprises américaines préfèrent aujourd’hui déployer une intelligence artificielle (IA) plutôt que d’embaucher un jeune diplômé. Une tendance qui témoigne d’un changement profond dans la manière dont les employeurs conçoivent l’insertion professionnelle des nouvelles générations.
Une confiance ébranlée envers les jeunes diplômés
Les jeunes fraîchement sortis des bancs de l’université rencontrent de plus en plus de difficultés à intégrer le marché du travail. D’après l’enquête, 89 % des recruteurs américains évitent de les embaucher, les jugeant insuffisamment préparés à la réalité du monde professionnel. Cette perception repose notamment sur la qualité de la formation universitaire, que 96 % des employeurs estiment déconnectée des exigences du terrain.
Les jeunes eux-mêmes partagent ce constat. Près de 77 % déclarent avoir appris davantage en six mois sur le terrain qu’en quatre ans d’études. Une désillusion qui les pousse à remettre en question l’utilité du parcours universitaire face à un monde du travail en mutation.
L’IA, une solution économique pour les entreprises
Au-delà du manque de confiance envers les jeunes talents, le recours à l’IA repose sur des motifs financiers. Kevin Thompson, PDG de 9i Capital Group, explique que l’adoption d’une intelligence artificielle s’avère plus simple et moins coûteuse que la formation d’un employé humain. Contrairement à un salarié, l’IA ne requiert ni salaire, ni congés, ni formation continue, et ne commet pas d’erreurs humaines. Autant d’arguments qui incitent les entreprises à privilégier l’automatisation, en particulier pour les postes d’entrée de gamme.
Cette stratégie ne fait pas l’unanimité. Bryan Driscoll, consultant en ressources humaines, estime que les entreprises utilisent l’IA comme prétexte pour réduire leurs budgets de formation. Il rappelle que la responsabilité de l’apprentissage reposait autrefois sur les employeurs, alors qu’aujourd’hui, elle est déplacée vers les travailleurs eux-mêmes.
Un avenir incertain pour les jeunes actifs
La généralisation de l’IA sur le marché du travail accentue les difficultés d’insertion des jeunes diplômés. Actuellement, 60 % des employeurs jugent qu’ils manquent d’expérience réelle, tandis que 55 % estiment qu’ils s’intègrent mal aux dynamiques d’entreprise.
Si cette tendance se poursuit, elle pourrait entraîner une stagnation des salaires et accentuer les inégalités d’accès à l’emploi. Bryan Driscoll alerte sur les conséquences à long terme d’un modèle basé sur l’automatisation au détriment de l’humain. Il appelle les entreprises à investir davantage dans la formation pour garantir une transition équilibrée entre nouvelles technologies et maintien de l’emploi.