Le Maroc franchit un nouveau cap dans son système éducatif en adoptant une réforme législative visant à renforcer l’obligation scolaire dès la petite enfance. Le projet de loi n° 59.21, récemment approuvé par le gouvernement, introduit une série de mesures destinées à structurer davantage le secteur de l’enseignement, tout en améliorant la qualité des prestations offertes par les établissements privés. Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Saad Berrada, est à l’origine de cette initiative qui marque un tournant dans la politique éducative du pays.
Cette législation s’inscrit dans un projet ambitieux visant à garantir une éducation accessible à tous les enfants dès leur plus jeune âge. À cet effet, la loi stipule que la scolarisation devient obligatoire dès l’âge de deux ans, une mesure inédite dans le paysage éducatif marocain. Cette réforme met l’accent sur la nécessité d’une prise en charge éducative dès les premières années de vie, des années considérées comme cruciales pour le développement cognitif, social et émotionnel des enfants. Selon cette nouvelle législation, tous les parents, tuteurs légaux ou responsables d’établissements de protection sociale seront tenus de garantir l’intégration des enfants dans des structures éducatives dès cet âge.
L’objectif est de créer un environnement scolaire propice à l’apprentissage et de réduire les inégalités dès le début de la scolarité. Dans cette perspective, le Maroc cherche à assurer un suivi rigoureux du parcours scolaire des enfants. Un dispositif a été mis en place pour assurer la bonne mise en œuvre de cette mesure. Les responsables éducatifs locaux, notamment les académies régionales et les directions provinciales, auront pour mission d’inscrire les enfants dans les établissements appropriés. Dès l’âge de deux ans, les responsables légaux devront informer l’établissement scolaire le plus proche, et renouveler cette déclaration chaque année, jusqu’à ce que l’enfant soit effectivement scolarisé. Ce processus pourra aussi se faire via une plateforme numérique dédiée, facilitant ainsi l’accès à l’éducation pour tous.
Les autorités locales auront également un rôle de supervision pour éviter les abandons scolaires. Un suivi régulier permettra de garantir que chaque enfant suive un parcours éducatif continu. Par ailleurs, des comités de coordination seront créés dans chaque province pour superviser les inscriptions et vérifier le respect des obligations légales. Ces comités seront aussi responsables de la gestion des changements de résidence et du suivi des éventuels abandons scolaires.
En complément de ces mesures de suivi, le projet de loi introduit un régime de sanctions en cas de non-respect des obligations légales. Les responsables qui ne respectent pas l’obligation de scolarisation peuvent se voir infliger une amende allant de 2 000 à 5 000 dirhams. Cette mesure vise à renforcer la responsabilisation des parents et tuteurs et à assurer que chaque enfant bénéficie de l’éducation qui lui est due.
Le secteur de l’enseignement privé n’est pas laissé de côté par cette réforme. Le projet de loi impose des règles strictes en matière de transparence des coûts et des frais associés à la scolarité dans les établissements privés. Ainsi, les frais d’inscription, de réinscription, d’assurance et autres services ne pourront plus être modifiés en cours d’année sans information préalable aux parents et aux autorités compétentes. Ces nouvelles mesures visent à garantir une meilleure gestion et à améliorer la qualité de l’enseignement dispensé dans le secteur privé, tout en assurant une égalité de traitement avec le secteur public.
Le Maroc s’engage résolument dans une réforme éducative ambitieuse, cherchant à structurer son système scolaire dès la petite enfance, tout en assurant une meilleure transparence et régulation dans le secteur privé. Cette réforme met l’accent sur l’inclusion, l’égalité des chances et la qualité de l’enseignement, en posant des bases solides pour un avenir éducatif plus équitable et structuré.