Le projet ambitieux de tunnel sous-marin reliant le Maroc à l’Espagne franchit une nouvelle étape. Herrenknecht Iberica, filiale de l’entreprise allemande Herrenknecht, a été mandatée par Secegsa, société publique espagnole, pour réaliser une étude de faisabilité approfondie. Cette étude, d’un coût de 296.400 euros, vise à évaluer les solutions techniques et logistiques nécessaires pour relever les défis majeurs de cette infrastructure unique.
Un mégaprojet stratégique reliant deux continents
Le futur tunnel sous-marin reliera Tarifa, en Espagne, à Tanger, au Maroc, sur une distance totale de 42 kilomètres, dont 27,8 kilomètres sous l’eau. À son point le plus profond, il atteindra 475 mètres sous le niveau de la mer, ce qui en fera l’un des tunnels sous-marins les plus profonds au monde. Par comparaison, le tunnel sous la Manche, reliant la France et le Royaume-Uni, atteint une profondeur maximale de 75 mètres.
Cette infrastructure prévoit deux tunnels ferroviaires parallèles à voie unique pour les trains de passagers et de marchandises à grande vitesse. Un troisième tunnel sera dédié à la maintenance, avec des passages transversaux tous les 340 mètres et des zones de sécurité tous les 100 mètres.
Des défis techniques et environnementaux de taille
Le projet devra surmonter plusieurs obstacles majeurs, notamment la pression exercée par l’eau à de telles profondeurs, les forts courants marins du détroit de Gibraltar et l’activité sismique de la région. Pour ce faire, Herrenknecht Iberica s’appuiera sur des technologies innovantes et des études environnementales détaillées, tout en assurant la sécurité et la durabilité de l’infrastructure.
Un impact économique et géopolitique considérable
Une fois réalisé, ce tunnel révolutionnera les échanges entre l’Europe et l’Afrique. Il permettra de transporter jusqu’à 12,8 millions de passagers et 13 millions de tonnes de marchandises chaque année, réduisant le temps de trajet entre Madrid et Casablanca à seulement 5 heures et demie. Le projet renforcera également le rôle stratégique des hubs logistiques de Tanger et d’Algésiras, générant des retombées économiques significatives pour les deux rives du détroit.
Lancé en 1979 par feu Hassan II et le roi Juan Carlos Ier, ce rêve vieux de près d’un siècle pourrait voir le jour d’ici 2030, grâce aux avancées technologiques et à l’amélioration des relations entre le Maroc et l’Espagne.