Le prix de l’or a franchi de nouveaux sommets en 2025, poursuivant une ascension qui avait déjà marqué l’année précédente. Ce mouvement haussier, alimenté par des craintes inflationnistes et une fuite des investisseurs des grandes valeurs technologiques, pose la question de savoir si le seuil des 3 000 dollars l’once sera bientôt atteint.
En octobre 2024, l’or avait atteint un record de 2 790 dollars l’once, un niveau de nouveau approché le 30 janvier. À ce jour, le métal précieux s’échange juste en deçà de ce seuil, à plus de 2 789 dollars l’once. Ce phénomène s’explique par la montée en puissance de la demande, qui a dépassé pour la première fois les 100 milliards de dollars au troisième trimestre, selon le Conseil mondial de l’or. En cinq ans, le prix de l’or a progressé de près de 80 %, une hausse qui reflète l’attrait croissant des investisseurs pour cette valeur refuge.
Les incertitudes économiques et géopolitiques sont au cœur de cette tendance. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ravive les craintes d’une inflation persistante, notamment en raison de ses velléités protectionnistes. La Réserve fédérale a mis fin à son cycle de baisses de taux, tandis que la Banque d’Angleterre devrait encore assouplir sa politique monétaire en février. Face à ces signaux contradictoires, l’or reste un placement de choix, perçu comme une protection contre la perte de pouvoir d’achat.
L’intervention des banques centrales joue également un rôle clé. La Chine, l’Inde, la Russie et la Turquie ont multiplié les achats d’or ces derniers mois, cherchant à diversifier leurs réserves et à se prémunir contre une éventuelle dépréciation du dollar. Ce phénomène s’inscrit dans une tendance plus large de dé-dollarisation, marquée par une méfiance accrue à l’égard des actifs libellés en billets verts. Dans ce contexte, l’or apparaît comme une réserve de valeur incontournable, à l’abri des risques de crédit et des crises financières.
Les tensions géopolitiques participent également à la flambée des cours. Les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine entretiennent un climat d’incertitude propice aux valeurs refuges. L’or bénéficie ainsi de son statut d’actif sûr, attirant des flux de capitaux en quête de stabilité face aux soubresauts des marchés.
L’impact des nouvelles technologies sur le marché de l’or ne peut être négligé. Le 27 janvier, une annonce choc a ébranlé le secteur technologique : DeepSeek, une start-up chinoise spécialisée dans l’intelligence artificielle, a affirmé avoir surpassé OpenAI avec un budget modeste, sans recourir aux coûteux processeurs graphiques de pointe. Cette révélation a provoqué une onde de choc sur les marchés, incitant de nombreux investisseurs à se tourner vers des placements jugés plus sûrs, dont l’or.
Les perspectives restent incertaines, mais les experts s’accordent sur un potentiel de progression supplémentaire. Si la conjonction de taux d’intérêt bas, d’un dollar affaibli et d’une forte demande des banques centrales se maintient, l’or pourrait franchir la barre des 3 000 dollars l’once avant la fin de l’année. Goldman Sachs anticipe un dépassement de ce seuil en 2025, tandis que certains analystes vont jusqu’à évoquer un prix de 3 300 dollars l’once.
Pour les investisseurs, plusieurs options existent afin de s’exposer à ce marché en pleine effervescence. L’achat direct d’or physique, sous forme de lingots ou de pièces, constitue une solution classique. D’autres préfèrent les produits financiers adossés au métal jaune, comme les fonds négociés en bourse (ETF) spécialisés. Enfin, investir dans les sociétés minières permet de tirer parti des hausses de prix tout en diversifiant son portefeuille.
Toutefois, la prudence reste de mise. Si l’or a souvent brillé en période de crise, son évolution historique montre également des phases prolongées de stagnation. Après son envolée dans les années 1970, il lui a fallu plus de deux décennies pour retrouver ses niveaux records. Une approche équilibrée, avec une allocation ne dépassant pas 10 % d’un portefeuille, semble être une stratégie avisée pour profiter de la tendance actuelle tout en limitant les risques.