La ville historique de Kyoto, symbole du raffinement japonais et vitrine de traditions séculaires, a pris une décision audacieuse face à l’afflux touristique incontrôlé. Cette ancienne capitale impériale, renommée pour ses temples bouddhistes, ses jardins zen et ses maisons de thé traditionnelles, se trouve aujourd’hui au centre d’une tension entre le développement touristique et la préservation de son patrimoine culturel. À partir de mars 2026, une taxe de séjour augmentée sera mise en place pour limiter le tourisme de masse et restaurer un équilibre respectueux entre visiteurs et habitants.
La nouvelle réglementation annoncée par les autorités municipales de Kyoto repose sur une échelle progressive, ajustée selon les catégories d’hébergement. Les visiteurs séjournant dans des chambres dont le prix varie entre 20 000 et 50 000 yens (124 à 310 euros) verront leur taxe doubler à 1 000 yens (6,20 euros) par nuit et par personne. Pour les chambres de moyenne gamme, comprises entre 50 000 et 100 000 yens (310 à 620 euros), la taxe atteindra 4 000 yens (24 euros). Enfin, les hébergements de luxe dépassant 100 000 yens (620 euros) seront soumis à une taxe de 10 000 yens (62 euros) par personne et par nuitée.
Ces augmentations reflètent une volonté forte de limiter l’accès à Kyoto aux visiteurs les plus respectueux, tout en sensibilisant à l’impact du tourisme excessif sur la vie quotidienne des habitants. Ces derniers, souvent excédés, pointent du doigt des nuisances comme les déambulations irrespectueuses dans les quartiers historiques, les comportements inappropriés envers les geishas, et la saturation des infrastructures locales.
Cette mesure s’inscrit dans une démarche plus large du Japon visant à réguler le surtourisme, à l’image de la taxe d’accès au mont Fuji récemment instaurée. Cependant, Kyoto adopte une approche singulière et ciblée pour équilibrer la protection de son patrimoine culturel avec le développement d’un tourisme durable. Les autorités ont souligné que cet ajustement a pour but d’améliorer l’expérience des citoyens, des touristes et des entreprises locales.
Malgré cette intention louable, des critiques émergent. Certains dénoncent le risque de transformer Kyoto en une destination élitiste, inaccessible aux voyageurs à budget modéré. D’autres insistent sur la nécessité de garantir que les recettes issues de cette taxe de séjour soient investies dans la préservation du patrimoine culturel et l’amélioration des infrastructures.
Ce dispositif, bien que radical, soulève un défi commun à de nombreuses destinations à forte fréquentation : concilier attractivité touristique et préservation de l’authenticité locale. À travers cette initiative, Kyoto souhaite établir un modèle de tourisme responsable, même au prix de froisser les amateurs de voyages économiques. En agissant ainsi, la ville affirme son ambition de protéger son identité unique, où le passé et le présent coexistent en parfaite harmonie.