Une simple vidéo virale a suffi à bouleverser le marché mondial de la pistache. Le désormais célèbre « chocolat de Dubaï », lancé en 2021 par la marque émiratie FIX, est devenu un produit convoité dans le monde entier après une mise en avant fulgurante sur TikTok fin 2023. Depuis, la demande explose, les prix s’envolent, et une pénurie de pistaches menace sérieusement l’industrie chocolatière.
Tout est parti d’un clip posté par l’influenceuse Maria Vehera, qui a dégusté la fameuse barre fourrée à la crème de pistache devant ses abonnés. Résultat : plus de 120 millions de vues et un engouement mondial instantané. Ce phénomène a déclenché une ruée vers ce produit, provoquant un déséquilibre brutal dans la chaîne d’approvisionnement d’un ingrédient pourtant déjà sous tension.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Les prix de la pistache ont grimpé de 7,65 à 10,30 dollars la livre en l’espace d’un an, selon Giles Hacking, expert du négoce en fruits secs chez CG Hacking. Ce bond s’explique par la combinaison d’une mauvaise récolte aux États-Unis – premier producteur mondial – et d’une demande inattendue propulsée par les réseaux sociaux. Les pistaches, moins abondantes mais de meilleure qualité, ont été principalement vendues entières, ce qui a aggravé la rareté des amandes de pistache destinées aux barres chocolatées.
Face à cette tension inédite, les producteurs iraniens ont augmenté leurs exportations vers les Émirats de 40 % en six mois. Mais cela ne suffit pas à endiguer la crise. En Californie, des producteurs vont jusqu’à remplacer leurs amandiers par des pistachiers, dont les premiers fruits ne seront récoltés qu’en 2026. Une solution trop tardive pour répondre à la frénésie actuelle.
Les grandes marques de chocolat n’ont pas tardé à suivre la tendance. Lindt, Läderach ou encore Lidl ont tous lancé leur propre version du chocolat à la pistache. Pourtant, la majorité d’entre eux peine à satisfaire la demande. « Personne n’était prêt pour ça », admet Charles Jandreau, directeur général du groupe Prestat, propriétaire de plusieurs marques britanniques de chocolat haut de gamme.
Dans certains commerces, les tablettes sont désormais rationnées pour tenter de répondre équitablement à l’afflux de consommateurs. Cette flambée illustre à la fois la puissance virale des réseaux sociaux et la fragilité des chaînes agricoles mondiales. Un simple engouement numérique a suffi à transformer un produit de niche en une denrée quasi-introuvable.