Alors que Casablanca s’active à mieux valoriser son patrimoine immobilier, une pièce essentielle du puzzle semble manquer à l’appel : le fichier central recensant les biens de la commune n’est plus accessible, laissant les services de la ville face à un vide documentaire inattendu.
Le fichier qui aurait dû constituer la colonne vertébrale de la gestion du patrimoine foncier communal de Casablanca est aujourd’hui introuvable. C’est ce que révèle le quotidien Assabah dans une revue de presse parue ce week-end. Ce document, qui aurait regroupé l’ensemble des données relatives aux biens immobiliers de la métropole, ne figure plus dans les circuits administratifs actuels de la commune.
Selon les déclarations relayées par le journal, la Société de développement local (SDL) Casablanca Patrimoine avait été chargée de piloter un projet de recensement à travers un bureau d’études spécialisé. Ce travail, censé aboutir à un inventaire précis et structuré des biens de la ville, n’a cependant pas laissé de trace concrète dans les archives de la municipalité.
Houcine Nasrallah, vice-président du Conseil de la ville, en charge de ce portefeuille, affirme que les données disponibles sont aujourd’hui partielles. Il précise que le fichier n’aurait pas été formellement transmis lors de la passation entre équipes, et ne figure dans aucun procès-verbal officiel.
Du côté des anciens responsables, Assabah rapporte une autre lecture. Selon Abdessamad Haiker, élu du Conseil et ancien vice-président chargé de l’urbanisme, le document en question n’aurait pas été réceptionné de manière définitive. Il s’agirait plutôt d’un projet encore en discussion à l’époque, qui avait fait l’objet d’une correspondance sans qu’une validation finale n’ait été actée par les instances compétentes.
Dans ce contexte, une question reste en suspens : comment expliquer que le montant du marché ait été intégralement réglé, si le fichier n’a pas été officiellement validé ? Le quotidien évoque cette interrogation avec prudence, tout en soulignant que des échanges ont bel et bien eu lieu entre la commune, la SDL et le bureau d’études, sans pour autant aboutir à une clarification finale.
En toile de fond, cette situation réveille un sujet stratégique pour la ville : celui de la valorisation d’un patrimoine souvent sous-exploité. L’inventaire général mené en 2020 avait déjà mis en lumière plusieurs milliers de biens – locaux commerciaux, habitations, équipements culturels et sportifs – dont le potentiel économique demeure encore peu mobilisé. D’autres sites restent occupés dans le cadre d’anciens contrats, qui n’ont pas fait l’objet de révisions récentes.
Entre mémoire administrative et gestion urbaine, Casablanca se retrouve aujourd’hui face à un défi de taille : retrouver la trace d’un document stratégique, censé poser les bases d’une nouvelle dynamique de gestion patrimoniale.