Boeing, l’un des géants de l’industrie aéronautique, traverse une période de turbulences marquée par une crise majeure. Le constructeur américain a annoncé une réduction significative de ses effectifs, touchant environ 17 000 employés à travers le monde, soit 10 % de sa main-d’œuvre. Cette mesure intervient alors que l’entreprise fait face à de graves difficultés financières, exacerbées par une grève de grande ampleur dans ses principales usines de la région de Seattle. La grève, menée par les membres du syndicat des machinistes (IAM), a mis à l’arrêt deux sites de production majeurs : Renton, où est fabriqué le célèbre 737, et Everett, qui assemble le 777, le 767, ainsi que des programmes militaires. Selon l’agence de notation Standard and Poor’s, cet arrêt de production entraîne des pertes estimées à un milliard de dollars par mois pour Boeing.
En parallèle de cette réduction d’effectifs, Boeing a pris d’autres mesures drastiques pour stabiliser sa situation financière. L’avionneur a annoncé un report des livraisons de ses modèles phares de la série 777X. Initialement prévues pour 2020, les premières livraisons du 777-9 sont désormais fixées à 2026, tandis que celles du 777-8 n’auront pas lieu avant 2028. De plus, Boeing prévoit d’arrêter la production du 767 cargo d’ici 2027, tout en maintenant les versions militaires comme le KC-46A. Ces décisions visent à réduire les coûts et à se concentrer sur les segments rentables du marché.
La grève des machinistes a plongé Boeing dans une véritable impasse. Depuis des semaines, les négociations entre la direction et le syndicat n’ont pas abouti. Les grévistes exigent des augmentations salariales et des améliorations des conditions de travail, y compris des perspectives de progression de carrière. Malgré une offre de revalorisation salariale et de pensions de retraite proposée par Boeing, les discussions ont échoué. Après un troisième round de négociations, Boeing a retiré son offre, estimant que les demandes du syndicat dépassaient les limites acceptables pour maintenir la compétitivité de l’entreprise.
Cette crise s’ajoute à des problèmes de qualité qui affectent Boeing depuis plusieurs mois. La société est sous une surveillance étroite de la Federal Aviation Administration (FAA), notamment après un incident en janvier impliquant un 737 MAX 9. Ces défauts de qualité ont déclenché des enquêtes parlementaires et fédérales, aggravant la situation du constructeur aéronautique.
Les résultats financiers de Boeing seront lourdement impactés par ces événements. Le groupe a déjà averti que ses performances du troisième trimestre 2024, dont les résultats seront publiés le 23 octobre, subiront des charges de plusieurs milliards de dollars, en grande partie dues à la grève. Seule l’usine de Caroline du Sud, où les employés ne sont pas syndiqués, continue de produire des 787 Dreamliner. Curieusement, malgré cette crise, l’action de Boeing a enregistré une hausse de 3 % à la Bourse de New York, reflétant un regain de confiance des investisseurs.
L’avenir de Boeing dépendra de sa capacité à résoudre les tensions sociales, à améliorer la qualité de production et à respecter les délais de livraison, tout en maintenant sa compétitivité face à une concurrence féroce.