Le mouvement du « slow living » prend de l’ampleur, surtout après des années marquées par l’épuisement lié à une productivité excessive. Ce retour au calme et à la lenteur, où prendre du temps pour soi devient un acte radical, suscite un intérêt grandissant, notamment chez les jeunes générations. Mais pourquoi cette tendance fait-elle écho à un besoin profond de réévaluation du temps et de la manière dont nous vivons ? Emma Gannon, auteure et entrepreneure, est l’une des figures emblématiques de ce mouvement. Son livre A Year of Nothing raconte une année sabbatique dans laquelle elle a décidé de « ne rien faire » pour guérir d’un épuisement professionnel. Un phénomène qui trouve des résonances dans les pratiques de plus en plus populaires comme le « quiet quitting » ou les emplois dits « lazy girl jobs ».
Un retour à l’essentiel
Le concept de « slow living » incite à ralentir et à revenir à des activités simples et naturelles, loin de l’urgence du quotidien. Un an de rien, comme l’a vécu Gannon, consiste à se déconnecter du stress quotidien pour redécouvrir des plaisirs simples : écrire dans un journal, observer les oiseaux, nager en eau froide. Cette démarche, loin d’être une mode passagère, découle d’une prise de conscience du bien-être et de la santé mentale. Après avoir été plongée dans la culture du « girlboss », qui valorise la productivité à tout prix, Emma Gannon a pris une décision radicale : s’arrêter. Cette pause forcée a été, selon elle, une révélation, une manière de revenir à soi-même.
Le « burnout » et la quête de sens
Le burnout, qui touche de plus en plus de travailleurs, pousse souvent à prendre du temps pour se rétablir, mais cela n’arrive souvent qu’après avoir atteint un point de rupture. Dans un monde où la valeur d’une personne semble liée à sa productivité, nombreux sont ceux qui continuent à avancer malgré des signes de fatigue évidents. Cependant, Emma Gannon, comme d’autres, soutient que la clé du bien-être réside dans l’acceptation du repos et de la lenteur. « Rien ne vaut votre santé », explique-t-elle. C’est dans cette optique que ses réflexions sur le slow living résonnent particulièrement à une époque où les symptômes de stress et d’épuisement se multiplient.
Le phénomène mondial du ralentissement
Le phénomène du slow living n’est pas isolé. Au Royaume-Uni, le concept de la semaine de travail de quatre jours commence à prendre racine, et les jeunes générations, notamment les Millennials et la génération Z, sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers des emplois moins exigeants et plus équilibrés. Le mouvement du « quiet quitting », qui consiste à limiter son investissement au strict minimum au travail, reflète un désir plus large de préserver son énergie pour des aspects de la vie jugés plus importants : les loisirs, les relations, ou encore les soins personnels.
Les livres qui encouragent à ralentir se multiplient. How to Do Nothing de Jenny Odell a suscité un grand intérêt en 2019, offrant une critique acerbe de la manière dont la technologie et les réseaux sociaux consomment notre attention. La prolifération d’ouvrages traitant de l’art du repos, comme The Art of Rest de Claudia Hammond, montre que la recherche de bien-être mental et spirituel devient une priorité face à un monde hyper-connecté.
Une réponse à la surcharge numérique
La technologie joue un rôle essentiel dans cette quête de lenteur. Bien que l’accès immédiat aux informations et la possibilité de répondre aux emails à tout moment semblent offrir une plus grande efficacité, ces facilités ont, en réalité, des effets dévastateurs sur notre santé mentale. La surcharge cognitive provoquée par l’usage constant des écrans contribue à une fatigue accrue, et le besoin d’un déconnecté total semble de plus en plus essentiel. C’est pourquoi des initiatives comme la « semaine de quatre jours » ou des moments de digital detox se propagent dans le monde du travail.
Une vision de l’avenir : l’importance de se déconnecter
Le succès du livre A Year of Nothing est un signe fort que de plus en plus de personnes se tournent vers des solutions plus lentes et plus attentives. Le mouvement du slow living, bien que souvent perçu comme un luxe réservé à certains privilégiés, pourrait bien se révéler une réponse à une époque où la productivité incessante est devenue un fardeau. Comme le souligne Gannon, « le silence est un moyen de se reconnecter », et dans un monde toujours plus frénétique, cette idée pourrait bien être la plus radicale des révolutions.