Le tournage des adaptations en prises de vues réelles de « Blanche-Neige » et « La Petite Sirène » a généré un niveau d’émissions de CO₂ plus élevé que certains aéroports britanniques, selon une enquête approfondie menée par The Guardian. Alors que ces films sont censés incarner des univers féeriques et respectueux de la nature, leur production a laissé une empreinte écologique particulièrement lourde. Un paradoxe qui soulève des interrogations sur les engagements environnementaux réels de Disney.
En combinant les émissions des deux films, le total atteint 8.279,6 tonnes de CO₂, dépassant les émissions annuelles de l’aéroport de Birmingham (7.829 tonnes) ou encore celles de Luton. À titre de comparaison, le dernier volet de Fast and Furious, pourtant reconnu pour ses scènes d’action explosives et son usage intensif de véhicules polluants, a engendré un impact écologique moindre que celui de Blanche-Neige, avec ses 3.153 tonnes de CO₂.
La majeure partie du tournage de « Blanche-Neige » a été réalisée aux Pinewood Studios, près de Londres. Bien que Disney affirme avoir utilisé des générateurs hybrides, des véhicules électriques et le réseau électrique vert du studio, ces initiatives n’ont pas suffi à compenser les émissions totales. Le recours à des vols affrétés et à une logistique lourde a amplifié le coût écologique de ces productions. Quant à « La Petite Sirène », elle a généré à elle seule 5.127 tonnes de CO₂.
Au-delà de l’impact environnemental, ces adaptations se heurtent aussi à un échec économique. Sorti en mars 2025, « Blanche-Neige » s’annonce comme une perte nette d’environ 115 millions de dollars pour Disney. Malgré un budget de 260 millions de dollars, le film n’a pas rencontré le succès escompté auprès du public. Quant à « La Petite Sirène », bien qu’ayant rapporté 569 millions de dollars au box-office mondial en 2023, elle n’a pas suffi à rentabiliser les investissements colossaux.
Ces révélations suscitent une vive polémique, d’autant que Disney a bénéficié d’aides publiques britanniques importantes pour ces tournages – près de 95 millions de livres sterling (soit 111 millions d’euros) ont été accordés sous forme de remboursements gouvernementaux, à hauteur de 25,5 % des dépenses de production.
L’enquête révèle également que depuis 2019, les studios tournant au Royaume-Uni sont obligés de produire une déclaration environnementale. Les documents internes analysés démontrent que ces deux films détiennent désormais le triste record du plus fort impact carbone parmi toutes les productions tournées au Royaume-Uni depuis l’instauration de cette mesure.
La pause annoncée sur le projet d’adaptation de Raiponce montre que Disney commence à réagir aux retours négatifs, à la fois économiques et écologiques. Mais cela suffira-t-il à restaurer la confiance du public et des institutions dans l’engagement environnemental du géant du divertissement ? La question reste ouverte.