Le Maroc franchit une nouvelle étape dans sa politique d’insertion professionnelle. Le gouvernement d’Aziz Akhannouch vient de dévoiler une feuille de route ambitieuse visant à réduire le chômage et à dynamiser le marché du travail. Dotée d’une enveloppe de 15 milliards de dirhams, cette stratégie s’articule autour de réformes structurelles et de mesures ciblées. L’objectif principal est de ramener le taux de chômage à 9 % et de créer 1,45 million d’emplois d’ici 2030.
Une attention particulière est accordée aux non-diplômés, qui représentent deux tiers des chômeurs au Maroc. Dans une circulaire publiée récemment, le chef du gouvernement a souligné la nécessité d’une approche inclusive pour garantir la dignité des citoyens et favoriser leur intégration économique. Selon le ministère de l’Inclusion économique, ce sont 900 000 personnes sans diplôme qui seront directement concernées par les nouvelles mesures.
Parmi les axes stratégiques, le gouvernement met l’accent sur le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME). Un dispositif spécifique facilitera l’accès au financement pour les projets compris entre 1 et 50 millions de dirhams. La simplification des démarches administratives constitue un autre levier important, avec la généralisation du principe « silence de l’administration vaut accord », destiné à accélérer les procédures.
Le développement de la formation en alternance et des programmes d’apprentissage figure également au cœur de cette initiative. D’ici 2025, le gouvernement ambitionne de créer 422 500 emplois grâce aux programmes Idmaj, Tahfiz et Taehil. Afin de mieux adapter les compétences aux besoins du marché du travail, l’ANAPEC renforce ses services numériques et introduit un parcours de médiation pour l’emploi dès la scolarité.
Le secteur agricole bénéficie aussi d’un soutien accru pour pallier les pertes d’emplois liées aux aléas climatiques. La surface céréalière sera étendue à 4 millions d’hectares, tandis qu’une plateforme numérique facilitera la mise en relation entre employeurs et travailleurs agricoles.
L’inclusion des femmes constitue un autre volet clé de cette réforme. Des infrastructures adaptées, notamment en matière de transport et d’éclairage public en zones périurbaines, seront développées pour favoriser leur accès à l’emploi. Par ailleurs, la création de crèches adaptées aux besoins des mères actives est envisagée.
La lutte contre le décrochage scolaire est également une priorité. Le gouvernement vise à réduire le nombre d’élèves quittant prématurément l’école, passant de 295 000 en 2024 à 200 000 en 2026. Pour y parvenir, il prévoit d’intensifier les programmes de rattrapage, d’élargir le réseau des écoles de la deuxième chance et de renforcer les internats.
En parallèle, la modernisation de la formation professionnelle se poursuit avec la conversion des filières techniques en licences professionnelles et la mise en place de passerelles entre l’enseignement général et la formation professionnelle.
Pour assurer le suivi et l’exécution de cette feuille de route, le gouvernement instaure une gouvernance tripartite. Une commission ministérielle de l’emploi, présidée par le Chef du gouvernement, supervisera les avancées. Une commission de coordination veillera à la synergie entre les ministères concernés, tandis qu’une unité centrale analysera en continu les données du marché du travail afin d’adapter les stratégies en temps réel.
Avec cette réforme, le Maroc entend bâtir un marché du travail plus dynamique, inclusif et résilient, en plaçant l’emploi au centre de ses priorités.