Les récentes précipitations qui ont arrosé le territoire marocain ont apporté un léger souffle d’espoir quant à la situation des barrages. Selon le Ministère de l’Équipement et de l’Eau, ces averses ont permis une amélioration marginale du taux de remplissage des retenues hydrauliques du pays, une avancée certes bienvenue, mais encore loin des attentes.
À la date de ce dimanche, les données officielles révèlent un taux de remplissage global de 28,65 %, soit une hausse modeste de 0,27 % en l’espace de vingt-quatre heures, portant le volume des réserves à 4,83 milliards de mètres cubes. Cette progression, bien que fragile, s’inscrit en légère hausse par rapport à l’an dernier, où les stocks culminaient à 4,72 milliards de mètres cubes pour un taux de 27,9 %.
Des disparités flagrantes entre les bassins hydrauliques
Toutefois, cette embellie reste disparate selon les régions. Certains bassins versants affichent des niveaux relativement confortables, tandis que d’autres peinent à se remplir. Ainsi, le bassin de Guir Ziz Rheris se distingue avec un taux honorable de 53,02 %, suivi de près par celui de Loukkos à 44,92 % et par le bassin du Bouregreg qui atteint 41,84 %. Le bassin de Sebou affiche quant à lui 36,76 %.
À l’opposé, certaines zones restent dans une situation préoccupante. Le bassin de l’Oum Er-Rbiâ, pilier stratégique de l’approvisionnement en eau du Royaume, plafonne à un alarmant 6,58 %, témoignant de la persistance du déficit hydrique. De même, le bassin du Souss-Massa peine à dépasser 17,53 %, tandis que celui du Tensift se maintient à 51,07 % et que la Moulouya atteint 36,94 %.

Des barrages entre embellie et inquiétude
Certains barrages profitent néanmoins de cette accalmie climatique pour renforcer leurs réserves. C’est le cas du barrage Oued El Makhazine, qui enregistre une progression significative, passant de 62,9 % l’an dernier à 69,1 % aujourd’hui, pour un volume de stockage de 465 millions de mètres cubes. Le barrage Idriss I connaît également une amélioration notable, avec un taux de remplissage grimpant de 19 % à 26 %, soit un volume de 293 millions de mètres cubes.
Toutefois, ces rares avancées ne doivent pas masquer la situation alarmante de plusieurs infrastructures stratégiques. Le plus grand barrage du Maroc, Al Wahda, voit son taux de remplissage chuter de 41 % à 38,4 %. Quant au deuxième plus grand barrage du Royaume, Al Massira, sa situation demeure critique : bien qu’en légère hausse, son taux de remplissage ne dépasse pas 2,9 %, pour un volume de 77,8 millions de mètres cubes. Le troisième plus grand, Bin El Ouidane, enregistre quant à lui un recul inquiétant, passant de 8 % à seulement 6 %.
Un sursis fragile face à une crise persistante
Si ces précipitations ont permis un sursaut bienvenu, elles restent insuffisantes pour combler les besoins croissants en eau du Royaume, dans un contexte où les défis liés aux changements climatiques et à la pression démographique se font de plus en plus pressants. La persistance de niveaux de stockage faibles souligne l’urgence d’une gestion plus rigoureuse des ressources hydriques.
Plus que jamais, il devient impératif d’adopter une approche stratégique, alliant rationalisation de la consommation, modernisation des infrastructures et développement de solutions alternatives comme la désalinisation ou la réutilisation des eaux usées. Car si la pluie reste un don du ciel, sa rareté exige une gestion éclairée pour garantir à long terme la sécurité hydrique du Maroc.