Le président tunisien sortant, Kaïs Saïed, a été réélu lors de l’élection présidentielle du 6 octobre avec un impressionnant 90,7 % des voix, selon les résultats annoncés par l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie). Cette victoire, toutefois, s’inscrit dans un contexte préoccupant, marqué par un taux de participation particulièrement bas de 28,8 %, le plus élevé d’abstention enregistré depuis le début de la démocratie en Tunisie en 2011.
Les résultats électoraux révèlent que les deux autres candidats, Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui, ont obtenu des scores modestes, avec respectivement 7,35 % et 1,97 % des suffrages. Ce faible taux de participation a suscité des interrogations sur la légitimité du scrutin. Hatem Nafti, analyste politique tunisien, a souligné que « la légitimité de l’élection est forcément entachée » en raison de l’écartement systématique des candidats qui auraient pu rivaliser avec Saïed. Les conditions de candidature avaient suscité des controverses, notamment en raison du nombre élevé de parrainages exigés, de l’emprisonnement de candidats potentiels notables et de l’éviction de rivaux significatifs, tels que Mondher Zenaidi, ancien ministre sous Ben Ali.
Pierre Vermeren, expert français du Maghreb, a quant à lui noté que ce taux d’abstention aussi élevé rend « faible » la légitimité démocratique de ce scrutin, établissant des parallèles avec les élections en Algérie, où des circonstances similaires avaient été observées. Kaïs Saïed, qui avait été élu en 2019 avec près de 73 % des voix et un taux de participation de 58 %, avait alors été perçu comme un expert en droit constitutionnel intègre avant de concentrer le pouvoir entre ses mains à l’été 2021, promettant une restauration de l’ordre face à une instabilité politique croissante.
Cette élection fait l’objet de critiques sur la transparence du processus électoral et sur la capacité de l’opposition à s’exprimer librement dans un contexte où le président a été accusé de dérive autoritaire. Les observateurs redoutent que cette réélection, bien que marquée par un score électoral élevé, n’augure pas un avenir démocratique stable pour la Tunisie.