Les tâches invisibles, souvent négligées et pourtant cruciales au bon fonctionnement des équipes, sont un facteur clé de l’inégalité entre hommes et femmes dans le monde du travail. Ce phénomène, désigné sous le terme « glue work » ou « travail-colle », désigne les responsabilités logistiques et relationnelles assumées en majorité par les femmes. Si ces tâches assurent la cohésion et la fluidité des équipes, elles sont rarement reconnues ou valorisées, ce qui a des répercussions notables sur la progression de carrière des femmes.
Le « Glue Work » : Des tâches essentielles, mais invisibles
Le « glue work » englobe un ensemble de responsabilités qui sont cruciales pour la bonne marche des équipes, telles que l’organisation des réunions, la gestion des anniversaires d’équipe, la résolution des conflits ou encore la logistique quotidienne. Ces tâches, bien qu’indispensables, ne figurent généralement sur aucune fiche de poste. Elles sont souvent reléguées aux femmes, qui les assument au détriment de leur propre développement professionnel.
Ce phénomène a été largement popularisé par Tanya Reilly, une experte américaine en management, qui souligne que ces tâches, bien qu’essentielles pour la cohésion d’équipe, restent invisibles dans les évaluations de performance et sont absentes des critères de promotion. Interrogée par helloworkplace, Vesna Pajovic, recruteuse au Mercato de l’Emploi, met en lumière l’impact de cette situation : « Ces missions non valorisées et invisibilisées sont souvent assumées par des femmes, ce qui entrave leur progression professionnelle ».
Les causes profondes : pourquoi les femmes ?
Les raisons de cette répartition genrée des tâches sont multiples. Tout d’abord, les stéréotypes de genre jouent un rôle majeur. Les femmes sont souvent perçues comme plus empathiques, collaboratives et diplomates, des qualités qui les poussent à endosser ces responsabilités. Dans des environnements encore dominés par les hommes, de nombreuses femmes acceptent ces tâches pour s’intégrer, maintenir l’harmonie et éviter d’être perçues comme peu coopératives. Elles espèrent parfois que ce travail invisible améliorera leur image professionnelle, mais cette stratégie est souvent inefficace.
Conséquences du « Glue Work » sur la carrière des femmes
Le « glue work » a des conséquences directes sur la carrière des femmes. En consacrant une grande partie de leur temps à des tâches non valorisées, elles se voient privées d’opportunités pour se concentrer sur des projets stratégiques à plus forte visibilité. Par ailleurs, les compétences qu’elles développent à travers ce travail, telles que la gestion de conflits ou le leadership, sont souvent sous-évaluées. Cela renforce l’idée selon laquelle les femmes sont plus aptes à jouer des rôles relationnels, ce qui perpétue des stéréotypes de genre et limite leurs perspectives de carrière.
Un autre effet néfaste de ce travail invisible est le maintien du plafond de verre, ce phénomène qui empêche les femmes d’accéder à des postes de responsabilité. En effet, ces tâches sont rarement prises en compte dans les grilles d’évaluation et de promotion, ce qui contribue à renforcer les inégalités de carrière, même dans des entreprises soucieuses de l’égalité des sexes.
Vers un changement culturel et managérial pour promouvoir l’égalité professionnelle
Afin de lutter contre l’inégalité générée par le « glue work », un changement fondamental des pratiques managériales et organisationnelles est essentiel. Tout d’abord, il est crucial de rendre visible ce travail invisible en l’incluant dans les entretiens d’évaluation et en le reconnaissant dans les processus de promotion. La redistribution équitable des responsabilités au sein des équipes est également primordiale. Les tâches logistiques et relationnelles ne doivent pas reposer exclusivement sur les femmes, mais être partagées de manière équilibrée entre tous les membres de l’équipe.
De plus, il est important que les entreprises encouragent les femmes à refuser les tâches non stratégiques qui n’apportent pas de valeur ajoutée à leur progression de carrière. La formation des managers à identifier les déséquilibres et à promouvoir un environnement où chaque contribution est valorisée est également un levier crucial. Cela permettra non seulement de transformer la culture de travail, mais aussi d’encourager une égalité professionnelle véritable.
Enfin, pour que ces changements soient durables, il est nécessaire d’implémenter des politiques de diversité et d’inclusion. Ces initiatives doivent créer un environnement de travail équitable, où chaque employé, quel que soit son genre, se sent respecté et valorisé.
Le « glue work » est un phénomène invisible qui a des répercussions majeures sur la carrière des femmes. Pour lutter contre cette inégalité persistante, il est nécessaire de repenser les pratiques managériales et les politiques d’évaluation afin de garantir une reconnaissance équitable de toutes les formes de travail, qu’elles soient visibles ou invisibles. Les entreprises ont un rôle crucial à jouer dans cette transformation en créant des environnements où les compétences relationnelles et organisationnelles sont valorisées de manière égale.