C’est une affaire qui choque autant qu’elle interroge. À Marrakech, une jeune femme de 19 ans a été arrêtée ce 8 avril après avoir publié sur les réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles elle se vantait d’un acte violent qu’elle avait déjà commis… contre une camarade qu’elle dit ne pas connaître. L’ironie sinistre de la situation : sa victime, Salma, garde encore sur le visage les stigmates de cette agression.
L’enquête, menée par les services de la police judiciaire de Marrakech sous la supervision du parquet compétent, vise à faire toute la lumière sur une série de faits aussi glaçants que préoccupants : diffamation, incitation à la violence, menaces de récidive, le tout diffusé sans filtre sur TikTok.
Une agression au scalpel… de rasoir
Retour en 2022. À l’époque, Salma, brillante élève en terminale filière sciences physiques, est attaquée au visage à l’aide d’une lame de rasoir par cette même jeune femme, alors mineure. L’agression, d’une brutalité inouïe, laisse une cicatrice aussi physique que psychologique : 56 points de suture.
Condamnée à une peine de prison, la mise en cause sort de détention… mais ne semble pas avoir tiré de leçons. Bien au contraire. Libérée, elle reprend la parole en ligne, publie des messages menaçants à l’encontre de Salma, insulte, diffame et – comble du cynisme – glorifie son propre crime comme une forme de trophée.
TikTok, scène du crime bis
C’est sur TikTok que les faits prennent une tournure encore plus révoltante. Vidéos provocantes, menaces à peine voilées, récits de l’agression narrés avec arrogance : la mise en scène est aussi cynique qu’indécente.
Alertée, Salma transmet l’ensemble des preuves à la police : captures d’écran, vidéos, messages privés. Des documents accablants. Face à cette récidive médiatique, la justice n’a pas tardé à réagir. L’auteure des vidéos est interpellée, un appareil numérique saisi. Elle est depuis placée en détention provisoire dans l’attente de la suite de l’enquête.
Une affaire qui fait écho au fléau de la violence scolaire
Au-delà du cas individuel, cette affaire relance un débat de fond : celui de la violence entre jeunes, de sa banalisation sur les réseaux sociaux, et du rôle – ou de l’absence – de prévention dans les établissements scolaires.
Les internautes ne sont pas restés indifférents. Très vite, un vaste élan de solidarité a émergé. Hashtags en soutien à Salma, publications virales, témoignages d’anciens camarades ou de victimes similaires : la parole se libère, la colère monte.
La justice, au nom de Salma… et des autres
Aujourd’hui, la priorité des enquêteurs est claire : démêler l’écheveau des responsabilités, établir les faits et, si nécessaire, poursuivre toute personne impliquée dans la création ou la diffusion des contenus en question. Des complices éventuels sont actuellement dans le viseur.
Quant à Salma, son courage inspire. Elle refuse de se taire, malgré la peur, malgré les cicatrices. Affaire à suivre, car si la violence a un visage, elle ne doit plus avoir de tribune. Ni sur les bancs de l’école, ni derrière l’écran d’un smartphone.