Le 11 mars 2025, Nissan se prépare à un moment crucial dans son histoire. Le conseil d’administration de l’entreprise japonaise, l’un des plus grands constructeurs automobiles mondiaux, va se réunir pour discuter de la succession de son directeur général Makoto Uchida, en poste depuis 2019. Cette réunion pourrait marquer un tournant décisif pour une société en crise, qui peine à retrouver son éclat passé après plusieurs années de turbulences.
Un leadership contesté et une crise de gouvernance
Depuis l’arrestation de Carlos Ghosn en 2018, Nissan traverse une période de grande instabilité. L’impact de cet événement a plongé l’entreprise dans une crise de gouvernance profonde, dont elle n’est toujours pas sortie. Loin de redresser la barre comme espéré, Makoto Uchida a vu les performances financières de l’entreprise se détériorer. Les erreurs stratégiques, telles que la mauvaise gestion du marché des véhicules hybrides et une tentative de fusion ratée avec Honda, ont renforcé les doutes sur son leadership.
Uchida a annoncé un plan de restructuration en novembre 2024, qui inclut la suppression de 9 000 emplois et une réduction de 20 % des capacités de production mondiales. Des décisions radicales, mais nécessaires pour tenter de redresser une situation financière délicate. Cependant, elles n’ont fait qu’accentuer la pression qui pèse sur le dirigeant et sur l’avenir de l’entreprise.
Les candidats à la succession : qui prendra les rênes ?
Plusieurs noms circulent pour succéder à Makoto Uchida. Parmi les candidats les plus fréquemment évoqués figurent Jérémie Papin, le directeur financier, et Ivan Espinosa, responsable de la planification. Cependant, leur proximité avec la direction actuelle pourrait les desservir, à cause de leur implication dans les erreurs stratégiques récentes. Un autre nom fréquemment cité est Guillaume Cartier, directeur de la performance, qui pourrait incarner un renouveau et être perçu comme une figure plus éloignée des échecs de la direction actuelle.
Une option plus temporaire serait également envisagée : la nomination d’un PDG intérimaire le temps de trouver un successeur permanent capable de remettre l’entreprise sur de bons rails. Ce choix pourrait permettre à Nissan de traverser cette période de turbulences tout en prenant le temps de choisir un dirigeant capable de répondre aux défis actuels.
Les défis stratégiques cruciaux du prochain dirigeant
Le futur PDG de Nissan devra faire face à un ensemble de défis stratégiques colossaux. Parmi les priorités immédiates figurent :
- Accélérer la transition vers les véhicules électriques, un domaine où Nissan, autrefois pionnier avec la Leaf, a été dépassé par des rivaux comme Tesla et BYD.
- Réajuster la stratégie hybride pour conquérir le marché américain, où l’entreprise a sous-estimé la demande pour ces véhicules.
- Gérer l’impact de la politique commerciale des États-Unis, notamment les droits de douane qui pourraient affecter les exportations de véhicules produits au Mexique.
L’échec des négociations avec Honda et les conséquences
L’échec des négociations entre Nissan et Honda pour une fusion a aggravé la situation. Ce projet, estimé à 60 milliards de dollars, aurait permis à Nissan de renforcer sa position face à la concurrence, notamment chinoise. Mais les divergences sur la répartition du pouvoir ont fait échouer la fusion, exacerbant les tensions internes.
Une nouvelle stratégie semble se dessiner : une collaboration potentielle avec Foxconn, géant taïwanais de l’électronique, qui développe une branche dédiée aux véhicules électriques. Cette alliance pourrait ouvrir de nouvelles perspectives, bien que l’incertitude autour de la direction actuelle maintienne un climat d’instabilité.
L’héritage de Carlos Ghosn : une ombre persistante
Impossible d’évoquer la succession de Makoto Uchida sans mentionner Carlos Ghosn, dont l’éviction en 2018 a plongé Nissan dans une crise de gouvernance. Si certains estiment que l’ère Ghosn a permis à Nissan de connaître une grande ambition, le prochain dirigeant devra savoir s’inspirer de cet héritage tout en imposant sa propre vision pour l’avenir.
Une fin de cycle ?
L’avenir de Nissan est plus incertain que jamais. L’entreprise se trouve à un carrefour stratégique. Si elle souhaite redresser ses finances et sa réputation, elle devra agir rapidement pour se repositionner sur le marché mondial des véhicules électriques et hybrides. L’élection de son futur PDG est donc une décision cruciale, qui pourrait déterminer si l’entreprise sera capable de surmonter ses difficultés financières et sa crise de leadership ou si elle sombrera dans une irréversible déclin.
Le 11 mars 2025 ne sera qu’une étape de plus dans cette transition incertaine pour Nissan. Le choix du nouveau dirigeant pourrait bien être la clé de son avenir.