Le poids de l’économie informelle freine considérablement la productivité des entreprises marocaines, selon une étude récente de l’OCDE. En matière de recettes fiscales, de croissance globale ou de concurrence dynamique, les perspectives restent sombres tant que ce secteur échappe aux radars officiels.
L’économie informelle, qui concerne près des deux tiers des emplois au Maroc, touche divers secteurs clés. L’OCDE souligne dans son rapport que cette réalité affecte particulièrement l’agriculture, où environ 82 % des femmes et 46 % des hommes travaillent sans couverture formelle. Ce phénomène s’étend également à des domaines tels que la construction, les travaux publics, le commerce et les services de réparation.L’étude indique que ce tissu d’entreprises et d’emplois non déclarés freine l’amélioration de la productivité nationale. « L’informalité maintient une faible productivité et des emplois précaires, tout en imposant une concurrence déloyale aux entreprises formelles », avertit l’OCDE. Ce sont les petites entreprises qui en pâtissent le plus, alors que celles opérant dans l’informel bénéficient d’un avantage compétitif allant de 20 à 40 % sur leurs homologues régularisées.
L’impact de l’informalité dépasse le cadre de la productivité. Il limite aussi les recettes fiscales, bride la croissance économique et nuit à la concurrence loyale. Une telle situation appelle à une action urgente.
Le rapport propose plusieurs pistes pour remédier à cette situation. Parmi elles, la réduction des charges fiscales et sociales pour encourager les petites entreprises à se régulariser, ainsi qu’un renforcement des contrôles et des sanctions. L’adoption d’outils numériques, tels que le paiement électronique et la facturation en ligne, pourrait également faciliter la mise en conformité et réduire les coûts pour les entreprises.
De plus, faciliter l’accès au crédit et soutenir l’entrepreneuriat s’avèrent cruciaux pour inciter les acteurs de l’économie informelle à franchir le cap de la formalisation.
Toutefois, le rapport pointe également du doigt le marché du travail, qui ne s’est pas pleinement redressé après la reprise économique. En 2023, le taux d’activité des femmes reste dramatiquement bas, à 19 %. Le taux de chômage, après avoir grimpé durant la pandémie, s’est maintenu à 13 % en 2023, soit un record depuis deux décennies.
Le chômage des jeunes, âgés de 15 à 24 ans, atteint quant à lui un pic historique de 35,8 %. Pour l’OCDE, intégrer cette jeunesse dans le marché du travail devient une priorité absolue pour soutenir la croissance à long terme et endiguer la montée du chômage.