À partir du 1er janvier 2025, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) sera revalorisé, atteignant près de 3046 dirhams nets, marquant ainsi un tournant pour les travailleurs du secteur privé. En parallèle, le salaire minimum agricole garanti (SMAG) connaîtra une augmentation similaire dès le mois d’avril 2025, avec un montant porté à 2255 dirhams. Ces revalorisations interviennent dans le cadre de l’accord social tripartite signé le 29 avril 2024 entre le gouvernement, les syndicats et les organisations patronales, et sont destinées à améliorer les conditions de vie des salariés dans différents secteurs d’activité.
Le Conseil de gouvernement, réuni à Rabat jeudi, a approuvé le projet de décret n°2.24.1122 fixant les nouveaux montants des salaires minimaux pour les secteurs agricoles et non agricoles. Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a souligné que ces augmentations s’inscrivent dans le cadre des engagements pris lors des négociations sociales. Cette mesure vise à répondre aux demandes des syndicats tout en préservant l’équilibre économique du pays.
Le SMIG, qui est le salaire minimum applicable aux travailleurs non agricoles, verra son montant mensuel brut augmenter de 5%. À partir du 1er janvier 2025, il passera de 3111,39 dirhams brut à 3266,96 dirhams brut, soit 3046,77 dirhams nets, contre 2901,68 dirhams nets précédemment. Cette revalorisation bénéficie aux secteurs industriels, commerciaux et des professions libérales, comme le prévoit l’accord signé le 30 avril 2024.
L’augmentation du SMAG, quant à elle, sera appliquée à partir du 1er avril 2025 et concernera les travailleurs agricoles. Le salaire minimum dans ce secteur sera porté à 93 dirhams par jour, un ajustement qui témoigne de la volonté du gouvernement d’harmoniser les conditions de travail des salariés agricoles avec celles des autres secteurs économiques. Le SMAG, qui était de 2303,08 dirhams net, passera ainsi à 2255,25 dirhams nets.
Cette réforme soulève toutefois des inquiétudes chez certains employeurs, notamment dans les secteurs du textile et de l’agroalimentaire. Ces derniers redoutent que ces augmentations ne viennent aggraver la situation financière de leurs entreprises, déjà fragilisées par des difficultés économiques. Un responsable d’une usine cité par L’Economiste a exprimé ses préoccupations, soulignant que ces hausses risquent d’augmenter les coûts de production et de rendre plus difficile la compétitivité des entreprises marocaines sur les marchés internationaux.
En outre, cette revalorisation n’impacte pas uniquement les salariés, mais aussi les cotisations sociales, qui augmenteront également. Les cotisations mensuelles des employeurs pour un salarié passeront de 865,90 dirhams à 909,19 dirhams, un coût supplémentaire qui pourrait représenter un défi pour les petites et moyennes entreprises.
La hausse du SMIG et du SMAG fait partie d’un ensemble de mesures destinées à améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs marocains. En plus des augmentations salariales, des efforts sont également menés pour améliorer les conditions de vie des fonctionnaires du secteur public. Les dépenses publiques pour les fonctionnaires connaîtront une augmentation significative de 37,3% entre 2021 et 2026, passant de 140 milliards à 192,9 milliards de dirhams. Cette progression vise à renforcer les secteurs clés du pays, tels que la santé et l’éducation, et à moderniser l’administration publique.
L’ensemble de ces mesures témoigne de l’engagement du gouvernement à soutenir les travailleurs tout en équilibrant les besoins économiques du pays. Toutefois, la mise en œuvre de ces ajustements salariaux sera suivie de près, notamment dans les secteurs sensibles où les entreprises devront adapter leurs pratiques pour absorber ces nouvelles charges.