L’enseigne française Carrefour, située à Sebta, vient de franchir une nouvelle étape en autorisant le paiement de ses produits en dirhams marocains, une décision inédite qui marque une tentative audacieuse d’attirer une clientèle marocaine toujours plus nombreuse.
Cette initiative, révélée par Ceutatv, permet aux consommateurs marocains d’éviter les fastidieux échanges de devises et de régler directement leurs achats en monnaie locale. Un geste qui, à première vue, semble une simple commodité, mais qui, en réalité, s’inscrit dans une dynamique plus large. En effet, cette mesure pourrait non seulement faciliter le quotidien des habitants de la région frontalière, mais aussi symboliser, aux yeux de certains, un rapprochement tacite entre Sebta et le Maroc, une relation empreinte de complexité et de tensions historiques. Les clients marocains recevront néanmoins leurs monnaies restantes en euros.
Toutefois, cette apparente avancée ne fait pas l’unanimité. Plusieurs voix, notamment parmi les milieux économiques de l’enclave espagnole, s’élèvent pour dénoncer une impasse commerciale persistante. Le Maroc, en effet, refuse catégoriquement l’entrée sur son territoire de marchandises en provenance de Sebta, un embargo qui, selon les hommes d’affaires locaux, étouffe l’économie de la ville et freine son développement.
Dans ce contexte, l’accord conclu en avril 2022 entre Rabat et Madrid, portant sur l’ouverture d’une douane commerciale à Sebta et la réouverture de celle de Melilla, aurait pu être perçu comme une lueur d’espoir. Mais force est de constater que ces promesses peinent encore à se matérialiser. Le temps semble suspendu, tandis que les espoirs de normalisation du commerce entre les deux rives s’amenuisent, laissant place à des incertitudes.
Ainsi, la décision de Carrefour, aussi pragmatique qu’elle soit, se déploie sur un échiquier où chaque mouvement résonne bien au-delà du simple panier d’achat. C’est un jeu de stratégies, où l’économie et la diplomatie se mêlent dans une danse subtile, ce qui ne manquera pas de faire plaisir aux touristes marocains présents dans la ville.