Une entreprise chinoise a provoqué un tollé après avoir imposé à ses employés célibataires de se marier avant une date limite sous peine de licenciement, avant de retirer cette directive sous la pression des autorités.
L’entreprise Shandong Shuntian Chemical Group, spécialisée dans l’industrie chimique et basée dans la province du Shandong, avait adressé un avis interne stipulant que tous les travailleurs célibataires âgés de 28 à 58 ans, y compris les divorcés, devaient « se marier et fonder une famille avant le 30 septembre 2025 ». Si cette exigence n’était pas respectée, l’entreprise prévoyait de mettre fin à leur contrat de travail.
L’annonce, relayée sur les réseaux sociaux, a suscité une vague d’indignation, attirant l’attention des autorités locales et des médias d’État comme le Global Times et le Beijing News. Ces derniers ont confirmé que l’avis violait la législation du travail en Chine, ce qui a conduit l’entreprise à le retirer officiellement le 14 février. Un représentant de Shuntian a justifié cette rétractation en évoquant des formulations « inappropriées ».
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de déclin démographique préoccupant pour la Chine. Le nombre de mariages a chuté d’un cinquième l’an dernier, enregistrant une baisse record. Avec une population de 1,4 milliard d’habitants, le pays fait face à un vieillissement accéléré, hérité notamment de la politique de l’enfant unique en vigueur de 1980 à 2015. À l’horizon 2035, près de 300 millions de Chinois devraient partir à la retraite, posant des défis majeurs en matière de main-d’œuvre et de protection sociale.
Les autorités ont récemment intensifié leurs efforts pour promouvoir le mariage et la natalité. Parmi les mesures adoptées figurent l’intégration d’une « éducation à l’amour » dans les cursus universitaires, mettant en avant une vision positive du couple et de la famille. Toutefois, cette politique rencontre des résistances, notamment chez les jeunes générations qui privilégient l’indépendance et la carrière au détriment de la vie maritale.
L’affaire Shuntian illustre les tensions entre les initiatives gouvernementales et les libertés individuelles, dans un contexte où le taux de natalité continue de s’effondrer. Cette tentative d’ingérence dans la vie privée des employés célibataires a non seulement été perçue comme abusive, mais aussi contraire aux lois en vigueur. L’intervention rapide des autorités a permis de rappeler que la lutte contre le déclin démographique ne saurait justifier des mesures coercitives.