La rumeur enflait, alimentée par des interrogations persistantes : le mythique Complexe sportif Mohammed V, emblème du football casablancais, allait-il être cédé ? La question, aussi audacieuse que troublante, s’est imposée dans les débats, attisant les spéculations et les craintes des passionnés du ballon rond.
Dans une correspondance datée du 10 mars 2025 et adressée au délégué régional de la direction des Domaines de l’État, la maire de Casablanca, Nabila Rmili, a tranché sans équivoque. La réponse, ferme et catégorique, dissipe toute ambiguïté : « Je regrette de vous informer qu’il est absolument impossible de répondre à votre demande. » Ainsi, la requête visant à céder le stade au ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports contre la somme de 38,4 millions de dirhams ( soit 400 dh le mètre ) a été balayée d’un revers de main. Pour la maire, le Complexe Mohammed V appartient au domaine public municipal et ne saurait être aliéné.

S’appuyant sur l’article 4 de la loi 57.19 relative au régime du patrimoine immobilier des collectivités territoriales, Nabila Rmili souligne que le stade, en tant que bien communal destiné à l’accueil des manifestations sportives et à l’usage du public, est inaliénable. L’article 5 de la même loi renforce cette position en précisant que les biens publics ne peuvent faire l’objet d’un transfert de propriété.
Dans sa missive, la maire rappelle avec force que la Commune de Casablanca n’a jamais exprimé, ni de près ni de loin, une quelconque volonté de vendre ce monument du sport marocain. « Le Stade Mohammed V est une part vivante de l’histoire et de l’identité casablancaise », insiste-t-elle. Elle précise en outre que la municipalité n’a jamais été conviée à une quelconque réunion de la commission administrative d’expertise, censée évaluer la valeur du terrain.
Karim Glaibi, membre du Conseil de la ville, est tout aussi catégorique. S’adressant à LeNew, il martèle qu’il est « hors de question de vendre le Complexe Mohammed V ». Pour lui, si un jour la municipalité devait envisager un changement de statut, la seule option acceptable serait de le céder aux clubs qui ont marqué son histoire : le Wydad et le Raja.
Cette fermeté s’inscrit dans un contexte où la direction des Domaines de l’État avait, dès février dernier, sollicité l’activation du processus de cession, avançant un prix de 400 dirhams le mètre carré, fixé par la commission administrative en juillet 2024. Le projet avait même obtenu l’aval de la direction du budget au ministère de l’Économie et des Finances en mai 2024.
Mais face à cette tentative de transfert, la réponse municipale est sans appel : le Complexe Mohammed V ne sera ni vendu ni bradé. Ancré dans la mémoire collective, il demeure un patrimoine inaltérable, indissociable de l’âme de Casablanca et de son histoire footballistique. Une page se tourne, mais le stade, lui, reste en place.