Le gouvernement suédois vient d’annoncer une mesure ambitieuse concernant les allocations de retour pour les migrants. Dès 2026, les personnes qui acceptent de retourner volontairement dans leur pays d’origine pourront percevoir jusqu’à 350 000 couronnes suédoises, soit environ 30 000 euros. Cette augmentation considérable, par rapport au plafond actuel de 10 000 couronnes par adulte, vise à encourager un plus grand nombre de migrants à choisir le rapatriement. Le ministre des Migrations, Johan Forssell, a justifié cette décision en affirmant qu’elle s’inscrit dans le cadre d’un changement radical de la politique migratoire suédoise. Soutenu par le parti d’extrême droite des Démocrates de Suède (SD), ce gouvernement cherche à réorienter la gestion de l’immigration.
L’initiative de tripler les aides financières s’explique par la volonté du gouvernement de réduire le nombre de migrants non régularisés sur le sol suédois. Depuis des décennies, la Suède a été l’une des principales destinations pour les réfugiés en provenance de régions en conflit comme l’ex-Yougoslavie, la Syrie, l’Afghanistan, et l’Irak. Cependant, l’opinion publique et la pression politique ont évolué, notamment avec la montée en puissance du parti des Démocrates de Suède, qui prône une politique migratoire stricte. Cette nouvelle allocation, bien que perçue comme un outil pour diminuer la population migrante, est aussi critiquée pour son coût potentiel.
Ludvig Aspling, parlementaire du SD, a souligné que l’allocation de retour existait depuis 1984, mais qu’elle était relativement méconnue et peu utilisée. Selon lui, l’augmentation de cette aide pourrait rendre l’option du retour plus attractive pour de nombreux migrants. Toutefois, un rapport d’enquête publié en août avait déconseillé d’augmenter de façon aussi substantielle cette allocation, jugeant que les effets attendus ne compenseraient pas les dépenses engagées par l’État.
Malgré ces réserves, le gouvernement suédois semble déterminé à poursuivre cette réforme. En août, il avait déjà annoncé que, pour la première fois en plus de cinquante ans, le nombre de départs de migrants dépasserait celui des arrivées en 2024. Ce virage est symbolique du programme politique du Premier ministre Ulf Kristersson, qui a accédé au pouvoir en 2022 grâce à une alliance avec le SD, un parti au discours anti-immigration très marqué.
La décision d’augmenter les incitations financières pour les migrants souhaitant retourner dans leur pays pourrait, à long terme, redéfinir la politique d’intégration et de gestion des flux migratoires en Suède. En dépit des critiques et des réserves émises par certains experts, le gouvernement de Kristersson reste fermement engagé à poursuivre cette ligne politique.