Le directeur général de Renault, Luca de Meo, s’est retrouvé sous le feu des critiques lors de son audition à l’Assemblée nationale. Alors qu’il était convoqué pour s’exprimer sur l’avenir incertain de la Fonderie de Bretagne, une ancienne filiale du groupe, sa rémunération a monopolisé les échanges. Avec un salaire de 5,5 millions d’euros en 2024, l’écart avec la situation des 300 salariés de la fonderie en difficulté a suscité de vives tensions.
Benjamin Lucas, député écologiste, a pointé du doigt le contraste entre la rémunération du dirigeant et le sort des employés précaires de l’usine bretonne. Il a notamment souligné que cette somme représentait l’équivalent de 260 travailleurs au Smic, une comparaison qui a fait réagir. Interpellé sur la justification morale et intellectuelle d’un tel montant, Luca de Meo a répliqué en insistant sur la valeur créée sous sa direction. Il a rappelé que Renault avait triplé sa capitalisation boursière et généré 10 milliards d’euros de cash, arguant que son travail impliquait des décisions lourdes de conséquences.
Face aux critiques, le patron de Renault a mis en avant son engagement personnel et son rythme de travail intensif. « Je travaille 60, 70, 80 heures par semaine. Vous pensez que je dors tranquille la nuit avec ce genre de problème ? » a-t-il rétorqué. Il a également affirmé que sous sa direction, le constructeur automobile avait créé 8 000 emplois en France, un argument destiné à relativiser les critiques sur sa rémunération des dirigeants.
Outre ce débat sur les salaires des patrons, l’audition a permis de mettre en lumière les investissements de Renault dans l’Hexagone. Luca de Meo a expliqué que la production en France pourrait atteindre 800 000 véhicules d’ici 2028-2030, soit le double du volume actuel. Il a également mis en avant l’achat de pièces à hauteur de 5 milliards d’euros auprès de fournisseurs français, ainsi que la décision de produire la nouvelle Renault 5 sur le sol national plutôt qu’à l’étranger.
Malgré ces engagements industriels, la question de la Fonderie de Bretagne reste en suspens. Renault, qui s’était désengagé de cette unité en 2022 en la cédant à un fonds allemand, n’a pas trouvé de repreneur viable. Luca de Meo a assuré que si aucune solution n’était trouvée, les salariés concernés se verraient proposer un emploi équivalent dans d’autres sites de l’entreprise en France. Une promesse qui n’a pas suffi à apaiser les inquiétudes et qui laisse planer une incertitude sur l’avenir de l’usine bretonne.