La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a prononcé, vendredi 4 avril 2025, à l’unanimité, la destitution du président Yoon Suk-yeol. Cette décision met fin à la présidence du dirigeant conservateur, quatre mois après qu’il ait tenté de mettre en place la loi martiale, un geste qui a choqué la nation et plongé le pays dans une crise politique profonde. La déposition de M. Yoon marque un tournant dans l’histoire de la Corée du Sud, renforçant ainsi les principes de la démocratie et de l’État de droit dans un contexte de tensions politiques sans précédent.
Une décision de justice historique
Le président de la Cour constitutionnelle, Moon Hyung-bae, a annoncé la décision après un arrêt de 23 minutes, qui a été suivi en direct par des millions de téléspectateurs. L’Assemblée nationale avait voté en décembre 2024 une motion de destitution contre Yoon Suk-yeol, accusé d’avoir violé les principes fondamentaux de la gouvernance démocratique et de l’État de droit. La Cour a validé cette motion, soulignant que les actions de M. Yoon, notamment l’envoi de forces militaires et policières pour empêcher l’Assemblée nationale de fonctionner, étaient inconstitutionnelles et illégales.
La loi martiale : un acte controversé
En décembre 2024, alors que sa popularité était en chute libre, Yoon Suk-yeol a pris la décision dramatique de déclarer la loi martiale, invoquant la nécessité de repousser les menaces des « forces communistes nord-coréennes » et de protéger l’État contre des éléments hostiles. L’armée a été déployée pour contrôler le Parlement, dominé par les forces démocrates, une action qui a été largement perçue comme une tentative de coup d’État. Malgré la mobilisation des militaires, les membres du Parlement ont réussi à voter l’abrogation de la loi martiale, forçant M. Yoon à revenir sur sa décision.
Une élection présidentielle anticipée en perspective
Suite à cette destitution, Yoon Suk-yeol est immédiatement chassé du pouvoir, et le pays se prépare à organiser une élection présidentielle anticipée dans les 60 jours. Le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, est désormais le grand favori pour cette élection. Ce dernier a salué la décision de la Cour, accusant M. Yoon d’avoir « menacé le peuple et la démocratie ». Les partisans de M. Yoon, quant à eux, expriment leur colère, et des manifestations en sa faveur ont eu lieu dans les rues de Séoul.
Réactions contrastées dans le pays
La réaction à la décision de la Cour constitutionnelle a été intense. Des milliers de manifestants anti-Yoon ont célébré la destitution avec des chants de joie et des applaudissements. « Nous avons pleuré à chaudes larmes et crié que nous, les citoyens, avions gagné ! » a témoigné Kim Min-ji, une manifestante. D’autre part, les partisans de Yoon, notamment des groupes radicaux, ont exprimé leur mécontentement, certains allant jusqu’à appeler à des violences contre les juges de la Cour constitutionnelle. Des tensions et des affrontements ont marqué cette journée historique.
La démocratie sud-coréenne mise à l’épreuve
Le verdict de la Cour constitutionnelle met en lumière la résilience de la démocratie sud-coréenne. Selon le professeur Byunghwan Son de l’Université George Mason, « le simple fait que le système n’ait pas implosé montre que la démocratie coréenne peut survivre même à la pire des menaces ». Le cas de Yoon Suk-yeol rappelle l’importance de la séparation des pouvoirs et de la protection des libertés fondamentales dans une société démocratique.
Un avenir incertain pour Yoon Suk-yeol
La destitution de Yoon Suk-yeol intervient alors qu’il fait face à un procès pour insurrection, un crime qui pourrait le conduire à la peine capitale. Bien que son parti ait accepté la décision de la Cour, l’avenir politique de M. Yoon semble incertain. Le président déchu a exprimé ses regrets, affirmant qu’il était « désolé » de ne pas avoir répondu aux attentes de ses partisans.
Le 4 avril 2025 restera dans les annales de l’histoire de la Corée du Sud comme le jour où la démocratie a triomphé face à une tentative de mise en échec de l’ordre constitutionnel. Ce développement s’inscrit dans un contexte de polarisation extrême de la société sud-coréenne, où les partisans de Yoon et ses détracteurs se livrent à des manifestations massives. Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir politique du pays.